Pour permettre la construction de la ville l'Etablissement Public d'Aménagement Euroméditerranée réalise les espaces publics. Entretien avec Anaïs Cadier, Directrice de la maîtrise d’ouvrage publique au sein de l’EPA.
La rédaction : Un aménageur ne se contente pas de sélectionner les promoteurs qui vont rénover ou construire les immeubles à partir du cahier des charges qu'il a rédigé. Il pilote également des chantiers sur l'espace public. Comment ?
A.C. : "On n’aménage plus l’espace public comme il y a trente ans : hier omniprésente, la voiture n’est plus qu’un maillon de la chaîne de mobilité. Les usages changent. Aujourd’hui, les vélos, l’autopartage, les transports collectifs, les nouveaux modes actifs comme les trottinettes électriques font partie du quotidien de la ville. Un aménageur comme Euroméditerranée doit intégrer ces mutations dans sa réflexion. Sans jamais perdre de vue la pérennité des aménagements. On ne construit pas une ville pour trois ans ! Au delà de la qualité architecturale, il ne faut jamais perdre de vue la gestion des espaces publics dans la durée.
La rédaction : L’espace public caractérise les villes. En Méditerranée, le rapport à l’espace est particulier...
A. C. : Effectivement. Le vivre ensemble dans l’espace public est l’un des traits caractéristiques de l’urbanité des villes méditerranéennes. Médinas, agoras, forums... ces grandes places piétonnes propices au brassage ont façonné les cœurs des cités sur les deux rives de la grande bleue. Au fil des trente glorieuses, l’automobile a grignoté l’espace des centres historiques, imposant ses infrastructures. La porte d’Aix est emblématique de cette dérive : l’ancien parvis de l’arc de triomphe avait fini par être étouffé par le terminal de l’autoroute. En trois décennies, sous l’effet du « voiturbanisme », l’ancienne agora avait perdu de sa superbe, victime des nuisances induites par la trafic routier : pollution, bruit,... En décidant de reculer l’autoroute au début des années 2000, Euroméditerranée a donné le top départ de la reconquête : le double ruban de bitume a cédé la place à un vaste parvis piéton qui donne sur un parc urbain d’environ 1 ha agrémenté d’aires de jeux et de plus de 400 arbres. Cette nouvelle agora battra bientôt au rythme du campus urbain que nous allons développer dans le sillage de l’université, de l’école de commerce (EMD) et du futur Institut méditerranéen de la ville et des territoires (IMVT). Logements, hôtels, commerces, équipements publics,... composeront la nouvelle trame de cet espace voué à la jeunesse et aux étudiants.
La rédaction : Quels sont les autres chantiers d’aménagement de l’espace en cours ?
A.C. : "Nous avons lancé les travaux de réaménagement des rues Malaval et Fauchier. Nous élargissons les trottoirs, plantons des arbres. Nous créons des pistes cyclables, des aires de covoiturage, des stations pour les voitures électriques en libre-service... Le tout dans une démarche de développement durable. La terre déblayée de l’îlot Allar servira ainsi de remblais pour la corniche qui sera aménagée sous la passerelle autoroutière. Nous allons également réaliser le parc Bougainville, première pièce (4 ha) de la grande coulée verte (14 ha) qui irriguera l’Ecocité. Nous achevons les études de recomposition du réseau de voirie du futur écoquartier des Fabriques (14 ha). L’idée est de développer des aménagements en prise avec la nature. Exit le tout bitume. Nous utiliserons des revêtements naturels assurant une certaine perméabilité avec le sous sol. "
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