Grand projet de rénovation urbaine à Marseille, l’Etablissement Public d’Aménagement Euroméditerranée (EPAEM) aspire à être un élément dynamisant dans l’effort de relance économique décidé par le Gouvernement. Comment comptez-vous participer à ce vaste projet ?
Hugues Parant : Durant le confinement, huit chantiers sous maîtrise d’ouvrage Euroméditerranée et douze sous maîtrise d’ouvrage privée ont été stoppés. Euroméditerranée a d’abord contribué à organiser la mise en sécurité de l’ensemble des salariés qui intervenaient sur des chantiers en cours sur le territoire de l’Opération d'Intérêt National (OIN), en coordonnant la cessation d’activité. Par la suite, les relations fluides qui ont été maintenues avec nos maîtres d’œuvre ainsi qu’avec les maîtres d’ouvrage privés nous ont permis de travailler sur un redémarrage de l’activité dès le 20 avril. Connaissant les difficultés de trésorerie des entreprises, Euroméditerranée a soutenu les acteurs du BTP qui œuvraient dans le cadre de nos propres maîtrises d’ouvrage en pratiquant des paiements anticipés , y compris sur les chantiers non achevés.
Parviendrez-vous à rattraper le retard des programmes et quel impact aura la crise du Covid sur la commercialisation des immeubles ?
Hugues Parant : Pour les chantiers sous maîtrise d’ouvrage publique nous aurons rattrapé le retard d’ici la fin de l’année. Par exemple, nous honorerons la promesse de livraison de l’école Ruffi pour le mois de novembre prochain.
Pour les maîtres d’ouvrage privés, la situation est plus complexe. Indépendamment des retards potentiels dus à la crise elle-même, il est difficile d’en mesurer les effets psychologiques et de leurs impacts sur la commercialisation des immeubles en construction. Les éléments dont nous disposons aujourd’hui nous rendent confiants : les acteurs privés ont globalement maintenu leur calendrier de réalisations prévues avant la crise du Covid. On le doit sans doute au caractère rassurant d’une présence au sein d’un grand projet d’aménagement comme celui que nous pilotons et d’un accompagnement actif par l’EPEAM .
De plus, les promoteurs éprouvent des difficultés pour trouver des terrains et obtenir des permis de construire en raison du ralentissement des procédures d’instruction occasionné par la crise sanitaire. Nous avons la capacité de leur apporter, à cet égard, des réponses. Mais la contrepartie à ce partenariat renforcé avec les acteurs privés, c’est l’acceptation d’un certain nombre de principes qui traverseront désormais toute l’opération dite « Euromed 2 ». Ces derniers se trouveront rassemblés dans une « charte des engagements » que nous espérons pouvoir produire durant ce 3e trimestre de l’année 2020, et qui servira de base à nos relations avec les acteurs que nous accueillerons sur le territoire de l’OIN.
Mars 2020 a-t-il modifié la trajectoire d’Euroméditerranée ?
Hugues Parant : La crise que nous avons traversée a renforcé des convictions que nous avions déjà fait apparaître dans nos projections, et en a faits apparaître d’autres.
Par exemple, la question de la renaturation des espaces publics, de la désartificialisation des sols, de l’énergie, de la connectivité des quartiers, du traitement des déchets ainsi que la nécessité d’utiliser les technologies de l’information pour redonner aux habitants la possibilité d’être des acteurs de l’évolution de leur quartier, tout cela avait été posé et proposé avant la crise. Cette dernière a simplement conforté le pari que nous avions fait sur l’avenir.
En revanche , des thématiques nouvelles sont aujourd’hui apparues avec évidence, et nous apprêtons à les intégrer au projet : la notion de proximité « servicielle » et la création du concept de « quartiers-village », la valorisation nouvelle d’espaces « capables » que sont les pieds d’immeubles, les balcons et les toits, la nouvelle organisation en télétravail et ses conséquences sur les espaces de bureaux et de logement, l’apparition d’une notion de « mobilité utile » à la vie du quartier et non plus seulement au transit intra-urbain. Tout ceci doit désormais faire partie de cette « modernité marseillaise » que le projet « Euromed 2 » doit porter .
Comment l’établissement a-t-il fonctionné durant le confinement et quelle organisation avez-vous mis en place depuis le mois de mai ?
Hugues Parant : Nous sommes une équipe de 60 salariés. Lors du confinement, les collaborateurs sont restés à leur domicile à l’exception de ceux chargés de la surveillance de chantier et les informaticiens chargés de la maintenance. Ensuite, nous sommes passés à 30% d’effectif maximal autorisé. Aujourd’hui, 50 à 60% des collaborateurs se rendent au bureau. Les chefs d’équipe vont gagner en autonomie pour organiser la répartition entre télétravail et présentiel ce qui implique une gestion des bureaux et salles de réunion.
Nous avons progressé de manière spectaculaire dans la conception du projet. Sur le plan intellectuel nous avons investi sur les dix ans à venir. Avec la visioconférence, vous pouvez rencontrer des experts à l’autre bout du monde pour évoquer de nouveaux sujets.
Hugues Parant, Directeur Général d’Euroméditerranée